Newsmaker : Nous avons cru comprendre que vous aviez pris quelques bonnes résolutions pour Nintendo à l’occasion de la nouvelle année. Commençons par là.
Fils-Aime : Bien sûr. Pour ma part, j’ai cinq résolutions sur la direction à prendre pour l’industrie en 2006. La première, c’est de garder les yeux sur la ligne d’arrivée. C’est une industrie de divertissement, et, au final, c’est celui qui offre les meilleurs jeux qui remporte la victoire. Par conséquent, chez Nintendo, notre préoccupation principale est de mettre sur le marché les produits les plus divertissants qui soient. Ma deuxième résolution c’est de préserver le “grand” de “grand public”. Le monde ne cesse de se diviser tout autour de nous, et de nombreuses compagnies rendent leurs produits trop exclusifs et trop chers pour le consommateur moyen. Par exemple, pour qu’un consommateur américain se mette à la Xbox 360, jeux et manettes supplémentaires inclus, il lui faudra dépenser plus de $700, et c’est sans compter l’achat d’une TV HD qui est pourtant la seule façon de réellement profiter de l’expérience 360. Chez Nintendo, la résolution est prise de rester accessible à la grande majorité des consommateurs.
Newsmaker : Comment ?
Fils-Aime : Premièrement, en créant des systèmes et consoles qui soient centrés sur le jeu, que ce soit des portables ou des consoles de salon. Grâce à cela, les joueurs pourront être certains que nos produits se concentrent entièrement sur la satisfaction de leurs besoins, contrairement aux produits qui essaient d’inclure des fonctions comme la musique et autre, et qui, franchement, n’ont rien à voir avec les vraies grandes expériences vidéoludiques.
Newsmaker : Puisque vous avez mentionné le problème du prix, j’imagine que la Revolution sera quant à elle accessible aux joueurs pour une somme bien inférieure à $700 ?
Fils-Aime: C’est exact. La console Nintendo de prochaine génération, dont le nom de code est Revolution, coûtera moins de $300. Notre troisième résolution est d’arrêter de repousser les nouveaux joueurs. Cette industrie est devenue de plus en plus focalisée sur un petit marché de connaisseurs, mais chez Nintendo nous avons ouvert nos systèmes à une vaste palette de consommateurs. Que ce soient les consommateurs âgés de plus de 35 ans ou les gameuses, nous les avons séduits grâce à Nintendogs et Animal Crossing, résultat nous avons résolu d’attirer autant de nouveaux consommateurs que possible vers notre industrie.
Newsmaker : Et la quatrième résolution ?
Fils-Aime: Faire du développement de jeu une démocratie de grandes idées. Tout comme les consoles sont de plus en plus hors de prix pour le consommateur moyen, le développement de jeux devient de plus en plus hors de prix pour les éditeurs. La Revolution sera financièrement plus abordable pour les développeurs, et la conséquence sera un contenu extrêmement innovant.
Parlons donc des portables. De toute évidence, la Nintendo DS se défend bien, avec ses 13 millions d’unités vendues jusqu’ici. Mais la PSP de Sony semble plus populaire.
Fils-Aime: Je ne suis pas d’accord. La DS se vend mieux que la PSP à travers le monde. La DS est aussi extrêmement populaire dans la blogosphère. Le fait est que nous avons de nombreux jeux qui atteignent le million d’exemplaires vendus, que ce soit dans le monde ou même seulement aux USA, ce qui n’est pas le cas de Sony. Nous avons des jeux qui augmentent avec succès le public de la DS, ce qui n’est pas le cas pour Sony. La popularité de la DS est énorme et continue de grandir, et les jeux portables les plus attendus sont sur notre plateforme, pas celle de Sony.
Newsmaker : Bien, et pour ce qui est de la cinquième résolution ?
Fils-Aime: Le mythe veut que le vecteur de performance dans cette industrie soit la puissance du processeur et la beauté grandissante des images, mais ce qui a réellement mené la croissance jusqu’ici c’est d’améliorer la façon dont les consommateurs jouent au jeu, et s’absorbent dedans. C’est ce que nous avons accompli avec succès avec la Nintendo DS, et c’est ce que nous nous sommes engagés à reproduire avec la Revolution et sa manette.
Newsmaker : Parlez moi de la manette. Qu’est-ce qui la rend particulièrement remarquable ?
Fils-Aime: Elle vous permet de manipuler le jeu en la pointant dans sa direction. Ce qui se passe à l’écran répond plutôt bien à la manette, et nous avons démontré que les jeux de sport peuvent atteindre un tout nouveau niveau d’immersion grâce à cette manette.
Newsmaker : C’est à dire ?
Fils-Aime: Elle vous permet de manipuler non seulement un palet ou un ballon de foot, mais aussi de manipuler le joueur d’une manière jamais vue auparavant. Par exemple, si je développe un jeu de football américain, je peux me déplacer sur le terrain, me concentrer sur un joueur en particulier avec une précision remarquable et lancer la balle tout droit vers ce joueur, tout à fait comme le ferait un véritable quarterback. Ce niveau d’immersion n’a jamais été atteint auparavant. Nous savons qu’il est grisant car nous avons des partenaires comme EA, Ubisoft, Activision et THQ qui sont enthousiastes à l’idée de développer pour la Revolution.
Newsmaker : Combien de titres de lancement accompagneront la sortie de la Revolution ?
Fils-Aime: C’est un peu tôt pour le dire. Nous montrerons de nombreux titres à l’E3 cette année, et nous pensons que les consommateurs auront un avant-goût de toute une palette de titres et de l’activité que nous aurons lors de la fenêtre de lancement.
Newsmaker : Et quelle est la date de lancement ?
Fils-Aime: 2006, nous l’avons déjà dit.
Newsmaker : En quoi d’autre la Revolution se différenciera-t-elle de la Xbox 360 et de la PlayStation 3 ?
Fils-Aime: De nombreuses choses. Tout d’abord, nos jeux. Nous jouissons du luxe d’un certain nombre de licences stables, une chose qui n’a pas son pareil ailleurs dans cette industrie. Nous travaillons aussi sur de nouvelles licences et notre line-up first party sera bien meilleur que celui de la concurrence. Nous avons aussi un fort soutien de la part des éditeurs tiers. Et deuxièmement, le concept de console virtuelle qui vous permettra de rejouer à vos jeux préférés de la Nintendo 64, de la Super NES et de la NES, sera aussi une différence cruciale. De plus, la Revolution sera rétrocompatible avec les jeux GameCube.
Newsmaker : Pensez-vous que la Revolution se vendra bien ?
Fils-Aime: Nous vendrons davantage de consoles que de Xbox 360 ne se sont écoulées aux Etats-Unis durant notre fenêtre de lancement. Voyez donc, en décembre nous avons vendu davantage de GameCube aux USA que Microsoft n’a vendu de 360, et la Revolution fera mieux que ça.
Newsmaker : Comment la DS va-t-elle se débrouiller en face à face avec la PSP, dans le futur ?
Fils-Aime: Nous espérons voir une année explosive pour la DS en 2006. Je pense que c’est parce que nous avons lancé la Connexion Wi-Fi pour Nintendo DS avec succès. A une échelle mondiale, nous avons eu plus de 10 millions de connexions aux serveurs, et plus d’un demi-million d’utilisateurs uniques sur une courte période de sept semaines. Pour vous remettre cela dans le contexte, le Xbox Live a mis plus de six mois à atteindre ce niveau, donc nous sommes très fiers de la façon dont nous avons accru ce domaine. De plus, nous sommes très confiants en la DS au vu de certaines des sorties à venir que nous avons annoncées, comme Metroid Prime : Hunters. Nous avons aussi annoncé Tetris DS, qui comprendra six modes de jeu différents, y compris le Tetris classique, ainsi que plusieurs mécanismes jouables en réseau local et via Wi-Fi. Il y aura aussi un nouveau Super Mario Bros en 2006. Bref, vu tout ce que nous avons en réserve, nous sommes très confiants sur le succès de la Nintendo DS cette année.
Newsmaker : Fantastique. Pour terminer, pourriez-vous me dire comment Nintendo va renverser la vapeur quant à l’opinion publique qui voit le marché console comme “d’abord Sony et Microsoft, ensuite Nintendo” ?
Fils-Aime: Voyons les faits : à l’échelle mondiale, pour ce qui est des consoles de salon, nous sommes le numéro 2. Ici aux Etats-Unis, en regardant la situation aujourd’hui, nous sommes le numéro 3, et je comprends donc d’où vient cette opinion qui veut que nous ne fassions pas aussi bien pour les consoles de salon que pour les portables, où nous sommes les leaders mondiaux. Avec la Nintendo Revolution, nous voulons avant tout offrir une expérience réellement différente de celle que propose la concurrence, et nous croyons que c’est ce qui fera son succès. Tout d’abord, se focaliser uniquement sur une machine de jeu. Deuxièmement, apporter une innovation réelle à la manette et donc la façon dont les consommateurs joueront. Troisièmement, un souci de coût que n’ont certainement pas nos concurrents. Et quatrièmement, utiliser le levier fourni par la puissance de notre vidéothèque grâce à la console virtuelle. C’est ainsi que nous pensons que notre recette pour le succès va fonctionner au niveau des consoles de salon, et nous nous concentrons sur l’exécution de ce programme en quatre temps.