Depuis de nombreuses années déjà, la pratique des jeux vidéos a connu nombre de bouleversements. Si ces divertissements visaient au départ un public relativement jeune, leur contenu a évolué et grandi en même temps que leurs utilisateurs, accompagnant toute une génération jusqu’à l’âge adulte. L’industrie du jeu vidéo a du faire face à ces changements, pour le moins très rapides, et adapter sa production en fonction de la demande en perpétuelle évolution. Au coeur de ce chamboulement, Nintendo, le géant japonais du jeu vidéo, a, quant à lui, gardé sa ligne de conduite en proposant des titres en majorité tournés vers les enfants. A l’aube de la sortie d’une nouvelle plateforme, la multinationale de Kyoto va-t-elle élargir son champ d’application et proposer une offre plus équilibrée ?
En pleine campagne de (re)conquête du “tout public”, après une expérience en demi-teinte de la Wii U, sa console de jeux vidéo, et avec en point d’orgue le mois de Mars 2017 qui verra l’arrivée de la remplaçante de cette dernière, la NX, Nintendo laisse la porte ouverte à toutes les suppositions concernant les nouvelles possibilités de voir des jeux dits “matures” arriver dans nos salons. Ce genre plus orienté vers un public “adulte”, sous-entend non pas seulement des jeux violents ou sanguinolents, mais également tout le panel des divertissements liés à l’argent, avec l’engouement pour des sites tel que Jeux de Casino Approuvés proposant des parties bien réelles dans l’univers des jeux de cartes, de roulettes et autres machines à sous, ou encore la longue liste de titres offrant une expérience en ligne massivement multijoueurs (MMO), où l’incarnation d’un personnage rend les actions virtuelles plus que réalistes et n’est pas à mettre entre les mains de nos chères têtes blondes. Afin d’avoir une vision plus claire de l’avenir de ce type de jeux au sein de la marque nippone, nous allons effectuer un petit retour en arrière.
En 1889, il y a donc plus d’un siècle, Fusajiro Yamauchi, à l’origine de l’entreprise familiale qui deviendra plus tard Nintendo, fabriquait des cartes à jouer japonaises pour le “Hanafuba“, Le Jeu des Fleurs. Sans rentrer dans les détails, ce jeu s’est pratiqué dès le Moyen-Âge au Japon, et se pratique encore. En 1959, sous la direction de l’arrière petit-fils du fondateur de la marque, Hiroshi Yamauchi, la production prend un tournant avec l’apparition de cartes à jouer à l’effigie des personnages de Disney et donc plus particulièrement destinées aux enfants. Déjà nommée Nintendo, la société connaît alors un boum pour répondre à la demande grandissante des joueurs.
A compter de cette date, Nintendo ne cessera d’innover et proposera aux japonais des expériences ludiques qui rencontreront rapidement beaucoup de succès. Et c’est au début des années 80, après la mise au point des premiers jeux vidéos en collaboration avec Mitsubishi Electric, que la marque va sortir le tout premier Donkey Kong, appelé aussi Jumpman. Ni gore, ni violent comme vous vous en doutez, le jeu est tout à fait approprié pour les plus jeunes et mettra en scène un tout nouveau personnage devenu emblématique, le célèbre plombier Mario. Fin de la même décennie, la console Nintendo (NES) est rendue accessible dans le monde et comporte déjà plusieurs dizaines de jeux dont font parties les très connues franchises Mario et Zelda.
Ce n’est qu’entre 1992 et 1993 que les titres vont se “durcir” un peu, sans aucun doute pour répondre aux utilisateurs en demandant toujours plus. C’est le cas de Mortal Kombat qui inaugurera l’arrivée du sang dans les jeux vidéos. Si, pour ce titre, l’hémoglobine fit l’objet de censure pour les consoles de jeux et que Nintendo choisit, à l’époque, de bannir totalement cette vision sanguinaire des ses plateformes, la concurrence se contentait de la masquer et donner la possibilité aux utilisateurs de la “débloquer” à l’aide d’un code. La firme de la famille Yamauchi se démarquait ainsi en préservant la sensibilité des plus jeunes, valeur importante de l’image de la marque.
Opérons à présent un bond en avant. Aujourd’hui la multinationale n’a pas vraiment changé sa politique, il suffit pour vous en persuader de vous rendre sur le site www.nintendo.fr, rubrique jeux, pour observer une quantité de titres proposée inversement proportionnelle à l’âge des joueurs visé. Ainsi, chez Nintendo, plus le public est jeune, plus l’offre est conséquente. Toutefois il est difficile de parler de “retour” ou “d’arrivée” de jeux plus matures car leur bibliothèque n’en est pas non plus exempte. Mais chez Nintendo elle ne constitue simplement pas la principale source de développement.
Il est vrai que nous assistons à un changement des usages, nous observons un public de plus en plus jeune s’adonner à des jeux vidéos conçus plutôt pour les adultes. A l’image de l’illustration de Mortal Kombat, ci-contre, qui s’est vu censuré il y a un peu plus de 20 ans et qui fait sourire les enfants maintenant, cela prouve que nos critères de tolérance ont beaucoup évolué. Malgré ce contexte, Nintendo conserve sa position de marque “tout public”, alors que ses concurrents directs ont choisi de cibler une autre tranche d’âge. Ces concurrents ont adopté des orientations à l’opposé de la firme de Kyoto et ne rendent accessibles que peu de jeux à destinations des enfants. Nous ne souhaitons pas prendre parti mais c’est tant mieux, dirions-nous, que la marque nippone conserve son identité !
En effet, si Nintendo, qui reste très innovatrice dans bon nombre de domaines, ne gardait pas ce que nous pourrions appeler “son patrimoine génétique”, tant sa vision du jeu est intégrée à la culture de l’entreprise, qu’en serait-il des productions vidéoludiques pour les plus jeunes ? D’aucuns dirons que le récent “échec” de la Wii U tend à dénoncer ce choix mais n’oublions pas que si la Wii U n’a pas connu le succès qu’elle aurait mérité, ce n’est pas que se soit une mauvaise console de salon, mais simplement qu’elle ne constituait pas une réelle nouveauté en regard de son aînée la Wii et est plutôt une grosse évolution de cette dernière. Soulignons également que dans le milieu des consoles de jeux portables, Nintendo règne en maître et là se sont ses concurrents qui peinent à sortir la tête de l’eau avec des jeux dits “matures”. Pourtant, à l’instar de sa console de salon, la bibliothèque de titres présents sur les DS et 3DS reste essentiellement tournée pour nos rejetons.
La tendance des marchés vient également étayer ces propos puisque selon certaines études, en France notamment, entre 1/5 et 1/4 des joueurs sont âgés de moins de 16 ans et que 100% des enfants de 10 à 14 ans jouent à des jeux vidéos, plus de 90% des adolescents d’âge compris entre 15 et 18 ans font de même. En Europe, et sur les autres continents, nous retrouvons ces chiffres avec quelques nuances ça et là. Cette part importante de la population de joueurs ne peut pas être négligée. A ce titre, Nintendo l’a bien compris et optimise son savoir faire pour répondre aux besoins particuliers de ces utilisateurs. Il est à noter, par ailleurs, que les adultes apprécient aussi les jeux destinés au jeune public et il n’est pas rare de voir ces “grands enfants” s’amuser sur des titres “non matures”.
De cette manière, l’on en vient à appréhender différemment les propos de Reginald “Reggie” Fils-Aimé, Directeur de Nintendo of America, lorsqu’il déclare : “maintenant, notre défi est que, nous, Nintendo, ne fassions pas ce genre de jeu (mature). Nous ne sommes pas des experts à ça. Nos développeurs n’aiment pas particulièrement faire ce genre de jeu. Ils pourraient certainement faire de l’excellent contenu gamer s’ils le voulaient. Nous avons choisi de faire autre chose. C’est donc au développeurs tiers de créer cet excellent contenu et l’amener à la vie sur notre console“. Nous pouvons ainsi comprendre que profondément ancrée dans la philosophie de l’entreprise, la vision du jeu initiée par Fusajiro Yamauchi n’est autre que l’âme de Nintendo et que les dirigeants et développeurs de la multinationale ont pour tâche de véhiculer cette vision aux travers des jeux à venir sur la future console de salon de la marque nippone.
Après la Wii U, la prochaine console de jeux vidéos se devra d’apporter une réelle nouveauté. Par le passé, Nintendo s’est concentrée sur les jeux pour enfants et s’est également attelée à développer des titres familiaux, tout en mettant à profit son habileté technologique pour fournir au plus grand nombre une expérience de jeu ludique. Si l’on sait d’ores et déjà que les jeux provenant directement des développeurs de Nintendo seront dans la lignée de ce que nous connaissons depuis tant d’années et qui a fait la renommée de l’entreprise, un appel est lancé par la Tête de Nintendo of America, ouvrant grandes les portes aux développeurs tiers pour enrichir son catalogue et apporter du contenu de qualité dans des genres peu traités par Nintendo en interne. C’est ainsi que les déclarations de Reggie Fils-Aimé constituent plus une bonne nouvelle qu’une désillusion.
Prenant soin de son cheval de bataille qu’est le créneau des jeux pour enfants, tirant une leçon des mauvais résultats des ventes de Wii U, l’amenant à proposer quelque chose de “neuf” avec la NX, et enfin invitant les partenariats externes, il y a une forte probabilité que, si elle ne peut se targuer dans le futur, avec la NX, de posséder un choix identique à celui de ses concurrents en termes de jeux dits “matures”, Nintendo en augmentera immanquablement la quantité à disposition dans sa bibliothèque car, si les développeurs extérieurs ont été plus que timides à enrichir en titres la Wii U, il en sera certainement tout autrement dans un avenir proche…rendez-vous en Mars prochain.